jeudi 31 juillet 2025

Le Crime de l'avenue Clémenceau.

Partie 1

Les trois mois de convalescence et les trois mois de vacances 

offerts par la brigade les avaient requinqués !

Madison Verrand et Pierrick Mandal, tous deux inspecteurs

 à la brigade criminelle de Nice étaient de nouveau en poste.

La première semaine, il y eut pas mal de dossiers à classer, laissés en suspens depuis leur absence.

Pierrick semblait guéri et Madison aussi même si parfois, quelques situations ou images les replongeaient dans leurs souvenirs quelques instants, mais ils savaient faire la part des choses et ils chassaient bien vite ces remontées de souffrance.

Le lundi, frais tous les deux comme après un Week end reposant, chacun s'installe à son bureau.

Sur celui de Madison , une enveloppe de papier Craft à son nom.

Elle regarde Pierrick et lui agite l'enveloppe de la main.

Il lève les mains, l'air de dire "C'est quoi ? "

Madison ouvre l'enveloppe, retire le papier blanc où il est écrit;

" Je sais qu'un crime va avoir lieu. Je l'ai vu. Je sais où.

Ce sera dans l'avenue Clémenceau. C'est pour bientôt.""

Pierrick pardessus son épaule lisait en même temps que Madison.

Ils se regardèrent, interloqués, et dubitatifs aussi.


Le crime de l’avenue Clémenceau – Partie 2

"Une blague ? souffla Pierrick.

Madison n’était pas si sûre. Le papier, d’une texture épaisse, sentait l’encens. Une écriture fine, presque nerveuse, courait sur la page. Aucun nom, aucune signature. Rien qui puisse les aiguiller.

"Tu crois que c’est sérieux ? demanda-t-elle.

"Ce genre de lettre, si tu l’ignores et qu’il se passe vraiment quelque chose, tu t’en veux toute ta vie.

Elle acquiesça. Le nom de l’avenue Clémenceau fut noté dans leur carnet d’enquête.

 Ils y passeraient dans la journée.

Mais avant même qu’ils ne quittent la brigade, une deuxième enveloppe arriva. Cette fois-ci, elle avait été glissée directement dans la boîte aux lettres du poste, à l’intention de Madison, toujours dans une enveloppe Craft.

À l’intérieur, un nouveau message :

""La scène est plus claire maintenant. Une femme... seule. 

Elle ne sait pas encore que quelqu’un l’observe depuis des semaines.

Il la suit. Il attend le bon moment. Il porte un manteau long, 

couleur ardoise, et une cicatrice lui fend la lèvre supérieure.

Je crois qu’il l’a déjà tuée… dans un autre flash. Ou peut-être que ça va encore se produire.

Elle crie. Mais personne ne vient. »

Madison sentit un frisson remonter le long de sa nuque.

"C’est pas une blague, murmura-t-elle. Il y a un vrai message là-dedans. Une peur... viscérale.

"Tu crois qu’elle a été témoin ?

"Je crois qu’elle est médium, dit Madison, l’air sombre. 

Et je crois qu’elle voit le crime avant qu’il ait lieu.

Ils passèrent l’après-midi à éplucher les signalements dans le quartier de l’avenue Clémenceau. Rien d’anormal. Quelques habitants âgés, des familles, un coiffeur fermé depuis des semaines, un immeuble en rénovation, une autre immeuble jouxtant un petit café, quelques médecins spécialistes, une boutique où on vend de tout pas cher qui ne dure pas !

Mais cette nuit-là, Madison rêva de la rue. De lampadaires blafards, d’une silhouette qui marche lentement... et d’un cri, étouffé. Un cri qui ne venait pas de sa mémoire, mais d’ailleurs. Elle se réveilla en sueur.

Le lendemain matin, sur son bureau, une troisième lettre l’attendait.

Plus longue. Plus précise. Le texte était presque frénétique;

""Je l’ai revu. Il était là, juste derrière elle. Elle portait une écharpe verte. Il a souri en la voyant sortir de chez elle.

Ce n’est pas la première fois qu’il tue. Il choisit toujours des femmes qui vivent seules. Il veut faire taire les voix. Il croit qu’elles l’entendent penser.

Il agit à la tombée de la nuit. Entre 19h30 et 20h. Toujours un vendredi.

Son nom... Je crois que c’est quelque chose comme Mardel ou Marel... il chuchote ce nom dans mes visions.

Vous devez faire vite. Elle n’a plus beaucoup de temps.""

Cette fois, le doute n’était plus permis.

""On monte une surveillance vendredi soir, dit Madison d’un ton tranchant.

""Et s’il frappe avant ?

Madison fixa le papier un instant, puis répondit :

""Alors on ne dort plus. On ne quitte pas la rue. Jusqu’à ce qu’il montre son visage.

Ce qu’elle ne savait pas encore, c’est que la médium avait gardé une dernière vision pour elle. La plus terrible. Celle où Madison elle-même se tenait face au tueur, dans une ruelle, l’arme au poing... mais incapable de tirer.

Et la voix du meurtrier, douce comme un murmure, lui disant :

« Je t’attendais. 

Le crime de l’avenue Clémenceau – Partie 3


Depuis la troisième lettre, Madison n’était plus tout à fait la même.

Elle passait ses journées à revoir les vidéos de surveillance de l’avenue Clémenceau, ses soirées à relire les lettres, traquant le moindre indice. Elle ne mangeait presque plus. Elle dormait à peine.

Pierrick, lui, tentait de garder la tête froide.

""Tu t’impliques trop, Madison. Ce ne sont que des visions. Rien ne dit qu'elles sont vraies.

""Ce ne sont pas que des visions. Elles sont cohérentes, elles se suivent. Et surtout… elles anticipent. Tu ne trouves pas ça étrange qu’on reçoive ça avant le crime ?

Il n’avait pas de réponse. Et il le savait, elle avait raison. Il y avait quelque chose d’inhabituel dans cette affaire. Une tension sourde. Un fil invisible qui les liait tous les trois.

Madison, la médium… et le tueur.

Le vendredi soir approchait.

Et avec lui, une atmosphère étrange descendait sur l’avenue Clémenceau. Un calme irréel. Comme si la rue elle-même retenait son souffle.

Madison et Pierrick installèrent une planque discrète dans un appartement vide, prêté par une connaissance. Deux caméras placées aux extrémités de l’avenue. Une autre orientée vers l’immeuble signalé dans la deuxième lettre, celui en rénovation.

18h57.

Pluie fine. Lumières jaunes sous les lampadaires. Quelques passants. Un chien sans laisse. Une ombre furtive derrière les rideaux.

19h18.

Une femme sort de l’immeuble, seule. Écharpe verte. Madison se redresse. C’est elle. La femme du flash.

""C’est elle. Pierrick, c’est elle.

Ne bouge pas. Attends""

La femme traverse lentement la rue, un sac de courses à la main. Elle marche comme si elle n’avait pas peur. Comme si elle ignorait totalement ce qui l’attendait.

Et pourtant, quelque part, quelqu’un l’observe.

19h26.

Un homme apparaît brièvement dans le champ d’une caméra. Manteau long. Ardoise. Il marche dans l’ombre, lentement, presque paresseusement. Sa tête est baissée. Madison ne voit pas son visage. Mais elle sent une chose : il la suit.

Elle allume la radio.

""Commandement, ici Verrand. On a un suspect en approche. Rue Clémenceau. Unité d’intervention demandée, discrètement. Priorité haute.

Pas de réponse. Juste un grésillement. Elle réessaie. Toujours rien.

""La radio merde, dit-elle, blême. La radio est HS.

19h32.

La femme entre dans son immeuble. La porte se referme. L’homme s’arrête au coin de la rue. Il ne bouge plus.

Madison le fixe à travers la lunette.

Elle ne voit que son profil. Un éclair. Une cicatrice. 

Juste au-dessus de la lèvre.

Elle jure entre ses dents.

C’est lui. C’est lui.

Elle se lève brusquement.

"" Madison, attends ""!

Mais elle est déjà hors de l’appartement, descend les escaliers quatre à quatre. Son arme dans la poche, la respiration rapide.

Quand elle atteint la rue, l’homme n’est plus là.

Une porte claque quelque part. Un cri. Court. Étranglé.

Et puis… le silence.

Trop tard ?

Le crime de l’avenue Clémenceau – Partie 4

Madison monta les marches deux à deux, le cœur battant contre ses côtes comme un poing fermé. Le silence dans la cage d’escalier était trop épais. Un silence plein. Dense. Un silence qui cachait quelque chose.

Elle arriva au deuxième étage. L’air y était plus froid. Un courant d’air étrange glissait le long du couloir, comme si quelqu’un avait ouvert une fenêtre… 

Elle avança lentement, l’arme en main. Une lumière clignotait au plafond, rythmant ses pas. Une porte entrebâillée, au fond du couloir. Celle du suspect ?

Elle s’approcha, retint son souffle.

Pas un bruit. Juste le craquement sourd du parquet sous ses semelles.

Elle poussa doucement la porte.

L’appartement semblait vide. Propre. Trop propre.

Pas de meubles, à peine un tapis, un miroir ancien appuyé contre un mur. Une photo déchirée dans la cheminée. Une odeur de cire… et sous cette odeur, quelque chose d’autre. Quelque chose de métallique.

Du sang.

Un frisson glacé remonta le long de son dos.

Pierrick la rejoignit quelques secondes plus tard, son arme également à la main.

""Tu as vu quelqu’un entrer ? demanda-t-il à voix basse.

""Non. Mais quelqu’un est venu ici. Il a été là.

Ils fouillèrent les pièces. Rien.

Pas de trace du suspect. Pas de bruit. Mais sur le sol, dans le salon, une petite tache de sang. Et à côté, quelque chose de bien plus dérangeant, une mèche de cheveux blonds, attachée par un ruban vert.

""Ce n’est pas normal, dit Pierrick.

"" Il se joue de nous.

Madison prit une inspiration. Quelque chose ne collait pas.

Pourquoi la femme de la vision lui paraissait-elle familière ? Pourquoi ce pressentiment, cette angoisse nouée depuis la première lettre, lui collait-elle à la peau comme une ombre ancienne ?

Ce soir-là, aucun corps ne fut retrouvé. 

Aucune trace de la femme à l’écharpe verte.

Jusqu’au lendemain.

C’est un agent de voirie qui la découvrit, à l’aube, dans un local technique désaffecté, à l’arrière d’un immeuble abandonné.

Le corps, soigneusement déposé sur une chaise. Les yeux clos. Aucune violence apparente. Comme si elle s’était simplement endormie. Mais son écharpe verte était nouée trop serrée autour de son cou.

Madison arriva sur les lieux en silence, le regard figé.

Un médecin légiste souleva le drap.

Et soudain, tout s’effondra.

""Non… non… c’est pas possible…

Le sol bascula sous ses pieds.

Elle recula d’un pas, le souffle coupé. Ses lèvres tremblaient. Son esprit se rétractait, incapable d’accepter ce que ses yeux voyaient.

Pierrick accourut vers elle.

""Madison ? Qu’est-ce que…

Elle tourna vers lui un visage vide, ravagé. Et dans un murmure étranglé, elle lâcha :

"C’est ma mère" Lucile Verrand.

Célibataire. Discrète. Une femme qui vivait seule depuis des années, loin du tumulte de la vie de sa fille.

Madison ne l’avait pas vue depuis six mois. Elle savait qu'elle allait se rapprocher d'elle pour la voir plus souvent. Elle devait lui faire la surprise. Car après sa disparition, elle ne voulait plus rester en retrait de sa fille.

Et quelqu’un, quelque part, savait exactement où frapper pour qu’elle ressente chaque millimètre du couteau sans jamais le voir venir

Le crime de l’avenue Clémenceau – Partie 5

Les jours suivants se passèrent dans un état second.

Madison ne parlait presque plus. Elle restait de longues heures dans le bureau, à fixer le tableau d’enquête qu’elle avait commencé à épingler, les trois lettres, les photos de la scène, un plan de l’immeuble. Au centre, en lettres noires, Lucile Verrand.

Pierrick, impuissant, l’observait glisser dans un silence tendu.

Jusqu’au mercredi matin.

Une nouvelle enveloppe, toujours le même papier kraft, 

cette fois déposée à la main sur le pare-brise de sa voiture.

À l’intérieur, le message était plus dense. Et pour la première fois, une information capitale :

""Je ne voulais pas vous impliquer autant. Je ne savais pas…""

Il est dangereux. Mais il veut être vu. Il cherche à être découvert, mais à sa manière.

Je l’ai vu nettoyer un couteau, torse nu, dans une pièce sans fenêtres. Une cave. Des outils suspendus autour de lui, comme des trophées. Il porte un masque en cuir parfois. Un masque qu’il a cousu lui-même.

Dans mes visions, il marmonne sans cesse des mots incohérents, sauf un;

“Ce qu’on ne guérit pas, on le répète.

J’ai vu un tatouage dans son dos. Une spirale, noire, qui descend le long de sa colonne.

Il est lié à vous, Madison. Pas seulement par le choix de votre mère. Il a quelque chose contre toi.

Il t’observe. Il est tout près.

Regarde parmi ceux qui ont déjà croisé ton chemin. Il se cache là.

Tu le connais.""

Elle relut la lettre une dizaine de fois, chaque mot devenant une lame.

Quelqu’un qu’elle connaissait ? Quelqu’un qui l’avait peut-être approchée, 

parlé, peut-être même… aidée ?

""On vérifie toutes mes anciennes affaires, dit-elle à Pierrick, d’un ton sec. Tous les suspects relâchés, tous les noms liés aux victimes. Ceux qui ont échappé à une condamnation, les familles, les proches…

""Tu crois que c’est un revenant ?

""Je crois qu’il me parle. Et qu’il me défie.""

Les recherches furent longues. Trois jours passèrent.

Puis une correspondance apparut.

Un nom. Un dossier classé depuis huit ans.

Marc-Alban Randel.

Accusé à l’époque de violences conjugales, puis soupçonné dans deux disparitions non résolues.

Dossier abandonné faute de preuves, après que la seule plaignante, une certaine Jeanne M., ait mystérieusement retiré sa plainte et quitté la région.

Il avait été interrogé à l’époque… par Madison elle-même.

Et surtout, détail qui la figea, dans les anciens PV, un agent avait noté 

que l’homme portait un tatouage dans le dos.

Une spirale.

""Il est revenu à Nice,"" dit Pierrick, les yeux rivés sur l’écran.

""Il se prépare. Il s’annonce. Il veut qu’on le trouve… mais selon ses règles.""

Madison sentit une autre vérité monter en elle. Une intuition brutale, viscérale.

Il ne fuira pas. Il attend.

Et s’il avait tué sa mère, ce n’était pas pour la punir.

C’était pour l’attirer.

Elle leva les yeux vers Pierrick.

"""On le traque. Maintenant. On retourne chaque cave de cette ville s’il le faut. Elle savait que le prochain mouvement ne viendrait pas d’eux.

Mais de lui.

Et il serait signé. Violent. Irréversible.

Le crime de l’avenue Clémenceau – Partie 6

Vendredi. Une semaine jour pour jour après le meurtre de sa mère.

Le ciel pesait bas sur la ville, comme un couvercle humide. Les ruelles du Vieux Nice exhalaient une odeur d’iode, de pierre mouillée… et de secrets.

Vers 8h du matin, Madison reçut un appel.

Numéro inconnu.

Elle hésita à décrocher, puis répondit :

""Oui ?"

Une voix féminine, légèrement voilée, douce mais pressée :

""Venez seule. À mon cabinet. Je sais où il est. J’ai tout vu, cette fois. Tout. 

Même ce qu’il essaie de cacher.

Elle n’ajouta rien. Elle raccrocha.

Le cabinet de la médium se trouvait dans une petite arrière-cour, derrière une boutique de poterie. Une plaque discrète, Séléna. Perceptions et énergies.

L’intérieur était baigné de lumière tamisée, parfumé à la sauge.

Séléna était déjà debout, pâle, les yeux cernés.

""Il est là, dit-elle sans préambule. Je l’ai vu cette nuit. Il descendait un escalier de pierre, très ancien, sous une scène. Une cave. Mais pas comme une cave normale. Un lieu qu’il a construit lui-même""

Elle regarda Madison droit dans les yeux.

""Il est sous le Théâtre des Oiseaux. Vieux Nice. Vous connaissez ?

""Oui… Oui, je connais.""

""Il a été éclairagiste là-bas, il y a longtemps. À l’époque où Mado La Niçoise dirigeait encore le lieu. Il s’était aménagé une pièce sous les coulisses. Une sorte de loge secrète, insonorisée. Un refuge. Personne n’a jamais su qu’elle existait.""

Madison hocha la tête. Elle se rappelait vaguement avoir entendu parler d’un homme étrange, discret, du temps où elle étudiait encore les scènes de crime de la vieille ville. Elle crut entendre Pierrick parler, au fond de sa mémoire.

 "Certains théâtres ont leurs propres fantômes…"

Elle se leva brusquement.

""Je dois y aller. Merci.""

Séléna posa doucement la main sur son bras.

""Faites attention. Il vous attend. Et il n’a plus rien à perdre""

20h03. Théâtre des Oiseaux. Rideau baissé. Lieu désert.

Pierrick avait fait bloquer le quartier sous prétexte d’un exercice de sécurité.

Madison, elle, entra seule.

Elle traversa les coulisses, longea les cordages, les projecteurs.

 Elle descendit lentement vers les trappes techniques.

Un couvercle de bois. Très ancien.

Elle le souleva.

Un souffle glacé remonta.

Un escalier en pierre brute, noirci par le temps.

Elle descendit.

À chaque pas, une odeur de métal, de poussière… et de quelque chose d’humain. D’ancien.

Au fond, une porte. Fermée.

Et puis, une voix.

""Tu es venue. Bien.""

Elle recula d’un pas, arme levée.

""Marc-Alban Randel. Police. Montrez vous. Maintenant""

Un silence. Puis un cliquetis.

La porte s’ouvrit lentement. Et il apparut.

Cheveux ras. Torse nu. Le tatouage noir serpentin s’enroulant sur sa colonne. Le masque en cuir pendait à un clou derrière lui.

Il souriait.

"Je savais que tu viendrais seule""

""C’est fini. Tu vas me suivre""

""Non. Toi, tu vas comprendre. Pourquoi il fallait que ce soit ta mère. Pourquoi il fallait que ce soit toi""

Un mouvement. Brutal. Il bondit. Elle tira.

Une fois. Deux fois.

Il s’effondra contre le mur.

Deux minutes plus tard, Pierrick arrivait avec l’équipe d’intervention.

""Il est vivant, dit-elle, encore haletante. Juste touché à l’épaule.

""C’est fini, Madison.""

Elle ne répondit pas.

Son regard s’était perdu dans la pièce, sur les murs tapissés de souvenirs volés, des photos de femmes, des bouts de journaux, des mèches de cheveux attachées comme des trophées.

Et au centre, une vieille photo.

Elle. À dix ans. Avec sa mère.

Séléna la médium murmura pour elle-même :

""Le silence va pouvoir revenir""

Épilogue

Deux semaines ont passé.

Marc-Alban Randel est interné dans une unité psychiatrique sécurisée. Il n’a plus prononcé un mot depuis son arrestation.

Juste un sourire. Figé. Presque soulagé.

Le Théâtre des Oiseaux a rouvert ses portes. La cave a été scellée. Officiellement, elle n’a jamais existé.

Madison retourne parfois dans l’avenue Clémenceau.

Elle y marche lentement, sans but, comme pour chercher encore l’ombre de sa mère dans un reflet de vitre ou une bouffée de vent.

Un regret lui serrait la gorge encore. La surprise de sa mère l'avait menée directement à sa mort.

Sur son bureau, une dernière lettre repose. Sans enveloppe.

Séléna l’a déposée en personne, sans dire un mot.

Juste une phrase, griffonnée au bas de la page :

""Le futur n’envoie plus de cris. Il est silencieux, maintenant. Tu peux dormir""

Madison rangea la lettre dans un tiroir.

Et pour la première fois depuis longtemps, 

cette nuit-là, elle dormit… sans rêver.

Image crée par IA et transformée par moi avec PFS



mardi 22 juillet 2025

***Non ce n'est pas une nouvelle mais un Hommage mérité***

Claudie, amie fidèle aux éclats de lumière,

Tu poses ton regard sur les ombres amères,

Dans ton rire clair, comme un chant de rosée,

L’espoir vient éclore, même après l’ondée.


Présente en silence, en messages ou en textos,

Tu tiens les chagrins comme on retient l’écho.

Un drame t’a marquée, cicatrice profonde,

Mais ton cœur, lui, bat plus fort que la fronde.


Tu lis mes pensées, mes fables, mes douleurs,

Chaque ligne t’appelle, chaque page est chaleur,

Et toi, tu réponds, lectrice infiniment vraie

Par tes lectures fidèles avec ton esprit en éveil.


Claudie, dans tes gestes, une paix s’invite,

Ta gentillesse est douce, jamais trop explicite.

L’humour, ton armure, ta grâce, ton épée,

Et l’amour que tu donnes ne peut s’épuiser.


Alors merci d’être là, discrète sentinelle,

Toi qui rends l’ombre moins cruelle,

Lectrice, amie, muse fidèle et bénie,

Ce poème est pour toi, chère Claudie.


***********

Attentive au monde, le cœur grand ouvert,

Nourrie de mots, ton talent est certain.

Naturellement douce, un esprit toujours vert,

Tu écris tes pensées comme on trace un chemin.


Mère ou fidèle amie, ton amour irradie,

Aux tiens, tu offres ta lumière infinie.

Rêveuse lucide, jamais dans l’oubli,

Intelligente, sincère, tu relies

Emotions diverses, de ta sensiblerie.

**********

A Martine PV.


Martine ici je viens te dire merci,

A  toi qui vient me lire ici.

Reine des mots en ton blog joli,

Très sensible aux mots écrits,

Imaginant humblement la vie.

Ne jugeant jamais les on dits.

Ensemble, les mots nous relient.

************

Je remercie aussi  mon Timoineau et François 

qui sont venus lire une de mes nouvelles

lundi 21 juillet 2025

La Disparition de Madison.

Depuis l'affaire des terres du silence, Pierrick traînait une mélancolie 
dévastatrice. Sa santé mentale devenait préoccupante et toute l'équipe s'en rendait compte a la brigade criminelle de Nice.

Il avait été retrouvé, errant et plein de confusion, deux nuits après sa disparition de la villa de Cimiez.
Il n'avait pas su expliquer le pourquoi du comment et semblait ailleurs tout le temps.

Il n'était pas blessé physiquement certes mais psychiquement c'était autre chose et Kelly, sa nouvelle coéquipière,  qui venait le voir souvent à l'hôpital où il était soigné se rendait compte qu'il sombrait dans la folie.

Pierrick Mandal, l'homme au yeux d'acier et à la chevelure
 noire comme du jais n'était plus qu'une pâle copie de lui…
Il ne faisait que répéter sans cesse les mêmes mots;
"Madison, où elle est Madison ? Le mur l'a englouti.
Il faut la sortir de là ""

A St Anne, la cellule psychiatrique s'inquiétait.
Un traitement fut entrepris et des séances de thérapie intensives
convenues dans les jours à venir.
Au début, il dormait beaucoup, mais avait moins de pensées délirantes.
Pendant presque deux mois, il eut l'air de se remettre un peu mieux.
Les séances donnaient de bons résultats.
La seule question qu'il posait comme un leitmotiv était cependant  
toujours la même,; Où est Madison ? Il faut chercher dans le mur 
de la villa de Cimiez ! 
Pierrick n'en démordait pas et cela n'indiquaient rien de bon
pour la récupération de ses facultés mentales.
Lors d'une séance, a la question du PSY, qui demande pourquoi
il faut chercher Madison dans le mur il raconte l'histoire incroyable
de l'affaire des Terres du silence, histoire loufoque qui n'a jamais
eu lieu et le commandant de la brigade le lui confirme !

""Mais alors pourquoi j'ai une nouvelle équipière hein pourquoi ???""
"Mais Mandal, parce que Madison a disparu après que vous ayez 
résolu l'affaire de l'institut des donneurs d'organes ! ""
Madison n' a plus reparue à votre appartement ni à la brigade depuis ""
""Mais non ! Je l'ai suivi dans le mur, mais j'en sorti et pas elle !"""

Le Psy continua quelques instants la séance puis après lui avoir fait administré un traitement pour le calmer, il demanda une réunion a la salle entre tous les soignants de Pierrick.
Il fut convenu d'essayer une séance d'hypnose. 
Le faire remonter dans le temps, pour qu'il se souvienne vraiment
sans revenir sur les épisodes aux allures sataniques de ses divagations.

La brigade fut prévenue et Kelly demanda à être présente en temps
que sa nouvelle collaboratrice.
Kelly Bonneval était bien triste de savoir son collègue dans cet état.
Elle avait été mutée de Digne les Bains dans les alpes de Hautes Provence pour venir seconder Pierrick depuis la disparition de Madison. Pierrick était bon coéquipier et ils avaient sympathisé.
C'est elle qui avait remarqué qu'il parlait d'une affaire étrange qu'ils
avaient en commun et la traitait souvent de sorcière et elle ne comprenait pas pourquoi !
 Et Kelly de cette affaire des terres du silence ne savait rien du tout. 
Et jamais elle n'avait participé de loin ou de près à cette enquête.

Pierrick avait il sombré dans la folie bien avant ce que l'on pensait ?
Le commandant avait certifié qu'il n'y avait jamais eu d'affaire des terres du silence. Point de décès, point de violette noire, point de galets ! D'où Pierrick tenait il de tels discours d'une affaire inconnue
à la brigade ?

La séance d'hypnose a lieu ce matin. Pierrick est prêt.
Kelly est dans un coin retiré de la pièce. silencieuse.

" Monsieur Mandal, fixez le métronome, regardez les billes se balancer
et s'entrechoquer, écoutez ma voix ! 
Vous n'entendez que ma voix et les billes qui se cognent sont un fond sonore agréable, doux et calme.
Pierrick, écoutez ma voix, revenez au temps de l'affaire de l'institut  des donneurs d'organes.
"" Y êtes vous ???""
""Oui j'y suis, Madison et moi, on quitte la brigade ! On va fêter ça !""
""Et à présent où êtes vous tous les deux ??""


"Et à présent où êtes-vous tous les deux ?"
Un sourire s’installe sur les traits de Pierrick. Il murmure, les paupières frémissantes :
"On roule… sur la corniche… Madison met la musique… quelque chose de vieux, Gainsbourg je crois… Elle chante faux, comme toujours…"
Le sourire est fugace sur ses lèvres. Kelly, depuis son coin, observe, crispée.
"Continuez Pierrick. Où allez-vous ?"
"On voulait aller à la mer… Mais… on reçoit un message. Une alerte sur le téléphone de Madison. Un ancien contact, une source… Elle panique. Elle dit que quelqu’un a reparlé de l’Institut. De la partie jamais élucidée."
Le psy note. Kelly lève les yeux. Une partie jamais élucidée ?
"Elle veut qu’on y retourne. Elle me dit que quelque chose cloche, que c’était pas fini. Elle veut vérifier un signalement, une maison près de la villa de Cimiez…
 Une maison en ruine, que personne n’avait visitée."
La voix de Pierrick s’accélère.
"On arrive là-bas. Il fait déjà nuit. Elle me dit d’attendre dehors, qu’elle fait vite… mais j’entends un cri. Alors je rentre. Je cours à travers un couloir… un escalier. Et là…"
Il tremble. Le psy s’approche légèrement.
"Et là quoi, Pierrick ?"
"Le mur. Rouge. Les dessins… comme ceux qu’elle avait trouvés dans le dossier. Des cercles, des lettres anciennes. Des croix inversées. Et… Madison… elle est là. Attachée. Mais il y a autre chose."
"Quoi, Pierrick ? Qui est là ?"
Pierrick commence à s’agiter.
"Un homme. Grand. Je crois le connaître mais… son visage… je ne peux pas le voir. Il dit que Madison est une clé. Un catalyseur. Il parle de la terre, du sang, de sacrifices. Et puis… un coup. Fort. Derrière ma tête. Et je tombe."
Kelly s’est levée, blême.
"Et ensuite ?" demande le psy, doucement.
"Je me réveille… plus tard. Seul. Je suis dehors. Devant la villa. Mais la porte est murée. Comme si elle n’avait jamais été ouverte. Et je hurle. Madison est dedans ! Je frappe, je gratte le mur… mais il est lisse, intact… Et personne ne me croit."
Pierrick ouvre les yeux brusquement, essoufflé. Il regarde autour de lui, le regard affolé.
"Vous voyez ?!! Elle est vivante. Elle est dedans. Ils l’ont enfermée ! Les murs… les murs l’ont prise !"
Kelly, sous le choc, sort en trombe de la pièce. Elle attrape son téléphone, appelle la brigade.
"Commandant ? C’est Kelly. Je veux une équipe à la villa de Cimiez. Maintenant. Avec des chiens et une équipe de déblaiement. Et alertez les spéléos si nécessaire. Je crois… je crois que Madison est encore là-bas."

Quelques heures plus tard a la Villa de Cimiez
Le soleil se couche quand l’équipe arrive. La bâtisse est décrépite, les murs lézardés, et le jardin envahi de ronces. Une façade, autrefois scellée, est attaquée au marteau-piqueur.
Un chien griffe frénétiquement un pan de mur, grognant et haletant.
Puis, un cri. Un ouvrier appelle. Derrière la cloison de béton, un escalier. Et au fond…
Une porte. Rouge. Fendue.
L’équipe entre, lampe torche allumée. L’air est lourd, moisi. Des fresques anciennes, occultes, recouvrent les murs. Une odeur de cire et de sang séché.
Et là, au sol… Madison. Amaigrie, mais vivante. Enchaînée à une poutre métallique.
Elle lève lentement les yeux. Son regard est vide. Elle murmure :
"Pierrick… il est venu… mais il est parti. Je l’ai vu se faire frapper. Je croyais qu’il était mort."
Elle s’évanouit.
Madison fut transportée d'urgence à l'hôpital Pasteur. Amaigrie, sale, tremblante, mais vivante.
Dans les heures qui suivirent, elle parla peu, les mots lui coûtaient. Mais elle lâcha une phrase qui glaça tout le monde :
""Il venait matin et soir. Toujours masqué. Il posait le plateau, me regardait manger, et quand j’avais fini… il me rattachait. Toujours à la poutre. Toujours en croix. Il repartait par le souterrain là derrière le mur. C'est un faux mur ! ""
Elle éclata en sanglots.
Les médecins confirmèrent que sans cette ration régulière, elle n’aurait pas survécu plus d’une semaine. Quelqu’un l’avait gardée en vie volontairement. Assez pour qu’elle ne meure pas. 
Pas assez pour qu’elle s’échappe.
Et les symboles peints sur les murs ? D’après les premiers experts, c’étaient des marques ésotériques anciennes, mêlant occultisme européen et pratiques de rites païens.
Une question planait dans l’air, comme un poison lent :
Qui ? Qui l’avait gardée là pendant deux mois, à quelques rues de la brigade, dans un lieu que Pierrick connaissait… mais dont personne n’avait souvenance ?

Six mois plus tard.

Été sur la côte amalfitaine

Une légère brise salée faisait danser les voilages blancs sur la terrasse de l’hôtel. La mer, d’un bleu presque irréel, s’étendait à perte de vue. Des rires discrets s’échappaient de la table dressée sous une pergola fleurie de bougainvilliers.

Pierrick Mandal versa deux verres de vin blanc bien frais. Il leva les yeux vers Madison, assise en face, un chapeau de paille mal ajusté sur la tête et un livre à moitié ouvert sur les genoux.

"Tu vas vraiment finir ce roman ou tu fais juste semblant depuis Naples ?" demanda-t-il en souriant.
Elle haussa les épaules, moqueuse.
"Je fais durer. Pour une fois qu’on a le droit d’appuyer sur pause..."

Après leur retour à la vie civile, l’État leur avait accordé trois mois de congé exceptionnel, payés et loin de la brigade, à la demande expresse du commandant et de l’équipe médicale.

Trois mois pour oublier les murs rouges, les chaînes, les cris dans la nuit. Trois mois pour respirer, se retrouver, vivre autrement.

Au début, ils n’avaient fait que dormir. Puis marcher. Manger. Se taire. Parler.

Pierrick n’avait plus de crises. Il suivait encore une thérapie légère, à distance, mais ses délires s’étaient dissipés comme une brume. Il rêvait encore parfois de symboles, de cavités sans fond… mais il savait désormais que ce n’était que des échos. Et il pouvait les affronter.

Madison, elle, reprenait peu à peu confiance en son propre corps, en sa liberté. Elle avait recommencé à sourire, à rire même — un rire plus discret, plus grave peut-être, mais sincère.

Ils ne parlaient pas souvent de ce qu’il s’était passé. Mais ils étaient là. Ensemble.
"Tu crois qu’on pourra retourner à Nice un jour sans que tout ça nous saute à la gorge ?" demanda-t-elle soudain, pensive.
Pierrick but une gorgée de vin, puis haussa les épaules.
"Je sais pas. Mais en attendant, la mozzarella est bonne, le soleil tape, 
et t’as encore de la crème solaire sur le nez."
Elle éclata de rire.
Leurs regards se croisèrent, apaisés, complices.
Ils ne savaient pas ce que la vie leur réservait. Mais ils savaient une chose;
 ils avaient survécu à l’ombre. Et maintenant, il était temps de vivre au soleil.
Un mystère cependant restait encore a résoudre !
Qui était responsable de toute cette horreur et surtout .
Pourquoi ??

jeudi 17 juillet 2025

Les Terres du Silence 1ere Partie

 


Sur les lieux de La colline du Château de Nice (site historique surplombant la vieille ville et la mer Méditerranée), Pierrick et Madison sont là. De nouveau une affaire bien étrange !

La brume matinale s’accroche aux ruines de la colline du Château, pendant que le chant encore discret des goélands laisse place au réveil des travailleurs. 

Le corps venait d’être découvert, le troisième en autant de semaines. Étendu sur un lit de feuilles mortes, en bordure d’un ancien sentier de randonnée, la victime semblait endormie… 

Si ce n’était cette mise en scène macabre !

Une violette noire entre les dents, et un coquillage posé sur le cœur.

L’inspecteur Pierrick Mandal observe la scène avec ce mélange de froideur et de fatigue propre à ceux qui ont trop vu. À ses côtés, sa compagne et coéquipière, Madison Verrand, scrute les environs, attentive au moindre détail.

""Troisième corps, même signature. Toujours dans un lieu avec une vue imprenable sur la mer. Et toujours ce mot gravé sur un galet "rencontre".""

Pierrick hoche la tête. Un mot simple, mais dérangeant. Comme si le tueur voulait signifier une connexion, une sorte de rituel. Ou un jeu.

La colline du Château, souvent présentée comme un espace de loisirs, avec ses aménagements modernes et ses airs de parc urbain, a désormais un tout autre visage. Sous ses airs ludiques, se cache peut-être le théâtre d’une vengeance méthodique.

En remontant les pistes, Madison découvre un fil rouge reliant les victimes. Toutes avaient participé à des activités de plein air organisées par une association locale prônant le retour à la nature, qui se donnent pour nom "Les Terres de l’Éveil"

Un groupe de randonneurs un peu extrêmes, dit-elle à Pierrick. Ils organisent des stages sur la colline, de nature, méditation et spiritualité. L’endroit est leur "lieu sacré".

Pierrick consulte les dossiers.

Parmi les membres, une certaine Mireille Picard, ancienne archéologue, avait disparu des radars depuis deux ans. Victime présumée d’un accident en montagne. Mais un détail trouble l’enquêteur : Mireille avait perdu son fils dans un accident causé par l’un des anciens membres du groupe.

"Et si elle n’était pas morte ? Et si elle avait décidé de faire justice elle-même ? En organisant une chasse aux coupables sous le couvert d’un parcours nouveau ? 

C'était pour Pierrick comme une intuition !

Et on le savait ! Quand Pierrick avait des intuitions, fallait suivre !

Il fallait anticiper. Le groupe organisait une nouvelle session dans deux jours. Une occasion unique pour tendre un piège. Madison s’y infiltra, guidée par la voix douce d’une femme masquée, excuse toute prête pour une période après covid, la femme parlait des blessures de la terre, de la purification par certains sacrifices, sans autre précision.

Le dernier acte allait se jouer là, sur cette terre historique, témoin de millénaires de conquêtes, de chutes et de secrets. Les pierres du château avaient vu tomber des rois. Elles allaient peut-être maintenant livrer la vérité.

Deux jours plus tard, Madison, infiltrée parmi les nouveaux adeptes des Terres de l’Éveil, gravit en silence les sentiers de la colline du Château. Tous étaient vêtus de blanc, pieds nus, silencieux. La brume semblait les envelopper comme une bénédiction ou une malédiction.

La femme masquée, toujours aussi calme, les guidait vers une ancienne esplanade surplombant la mer. Là, disposés en cercle, les coquillages et les galets gravés attendaient.

Madison avait reconnu un détail qu'elle avait signalé à Pierrick, le motif gravé sur les galets n'était pas un simple mot. C’était une carte ancienne, un symbole archéologique oublié, issu des recherches de Mireille.

Dans l'ombre, Pierrick, en appui à distance avec son équipe, observait. 

Les communications radios étaient silencieuses. Trop silencieuses.

La femme masquée prend la parole.

"Aujourd’hui, c’est la dernière rencontre. Celle de la vérité. 

Celle de la justice. La terre a soif. Et nous, nous allons l’honorer."

Elle retire lentement son masque.

Ce n’est pas Mireille

C’est Madison.

Le sang de Pierrick se fige. Tout se brouille.

Et à ce moment précis, dans l’oreillette de Madison infiltrée, 

une voix s’élève, sa propre voix.

Un enregistrement.

Pierrick comprend. Trop tard.

Il fonce vers l’esplanade.

Sur place, il ne reste que les corps des participants, endormis à jamais, une violette noire entre les dents, un coquillage sur le cœur. Et au centre, un galet, sur lequel est gravé un seul mot,  "fin".

Madison est introuvable.

Et puis, dans sa boîte mail personnelle, Pierrick reçoit une vidéo.

Madison, visage dur, yeux humides.

"Tu n’as jamais posé les bonnes questions, Pierrick. Ce n’était pas Mireille. Ce n’était pas une vengeance. C’était un nettoyage. Une purification. Et moi, je ne suis pas celle que tu crois depuis deux ans. Je suis celle qui écoute les pierres. Qui parle à la mer. Tu m’as suivie, sans jamais me voir."

Puis, écran noir.

Et une dernière image.

Un selfie. Madison, sur un voilier, en pleine mer, souriante.

Derrière elle, assise à l’ombre, Mireille.

Et les "Terres du Silence" portent bien leur nom.

Car désormais, elles se taisent à jamais.



Les Terres du silence. 2 ème Partie

 


Chapitre 1

Nouvelle équipière pour Pierrick

Assis à son bureau de police criminelle, Pierrick consulte le dossier
de sa nouvelle équipière. Il n'a pas eu son mot à dire. Et puis de toutes façons, il est si profondément malheureux que elle ou une autre, il s'en moque bien...
Kelly Bonneval.
Profession : Anthropologue et médium consultante pour la police dans les affaires dites "hors-norme"
Âge : 39 ans
Apparence : Élégante et étrange à la fois. Long manteau noir, yeux très clairs, bijoux anciens, une cicatrice fine au poignet gauche.
Passé :
Ancienne chercheuse au CNRS, elle s’est fait connaître pour ses travaux sur les rituels oubliés et les croyances funéraires.
Elle a quitté le monde académique après une "expérience" inexpliquée lors d’une fouille en Laponie. Depuis, elle affirme "ressentir les échos" des morts.
Elle collabore avec la police dans certaines affaires obscures, à la condition qu'on ne lui pose pas trop de questions.
Particularité :
Parle peu, mais voit beaucoup.

Pierrick ne croit pas une seconde à ses dons, jusqu’au jour où elle décrit avec précision un souvenir qu’il n’a jamais raconté à personne.
Elle ne cherche pas la vérité scientifique, mais la résonance. Pour elle, les lieux, les objets, les silences "parlent". Il suffit de savoir écouter.


Pierrick, en planque sur une nouvelle scène, découvre un quatrième galet, sans corps cette fois. 
Le mot : "rappel".
Il sent que l’affaire "Les Terres du Silence" n’est pas vraiment close.
"Inspecteur Mandal ?"
Il se retourne. Une silhouette s’avance dans la pénombre du sentier. 
Elle le fixe, comme si elle le reconnaissait.
"Kelly Bonneval. Vous avez demandé quelqu’un pour les éléments non rationnels. Me voilà."

 "Je n’ai rien demandé. Et encore moins à une sorcière."
Elle se doute qu'il a lu son dossier mais elle sourit.
"Et pourtant, vous êtes resté trois heures ici, sans bouger. À écouter les pierres. Vous commencez à me ressembler plus que vous ne le croyez."
Elle tend la main…
Dans sa paume : une violette noire séchée.
 "Ce n’est pas fini, inspecteur. Elle est toujours là. Et elle vous regarde."

Chapitre 2

Nice, deux mois plus tard.

L’été s’étire paresseusement sur la Promenade des Anglais, mais Pierrick ne regarde plus la mer.
Depuis le départ de Madison, ou plutôt sa disparition, quelque chose s’est brisé. Il continue de marcher, de manger, de respirer. Mais il n’est plus là. Pas vraiment.
La presse a enterré l’affaire. La hiérarchie aussi. Et pourtant.
Chaque matin, un coquillage dans sa boîte aux lettres. Parfaitement blanc. Toujours vide.

L’affaire suivante arrive sans prévenir.
Une vieille villa abandonnée sur les hauteurs de Cimiez. Trois adolescents y sont entrés pour filmer une vidéo "urbex". Deux sont ressortis en criant. Le troisième est encore là-bas. 
On ne sait pas s’il est vivant.

Les pompiers refusent de pénétrer dans les lieux.
Ils parlent de voix. De murs qui pleurent.
La peur s'est emparée viscéralement en eux !
Il se passe la dedans quelque chose qui les dépasse.

Kelly arrive à l’aube.
Elle ne dit rien de la mer. Rien de Madison.
Mais elle remarque la manière dont Pierrick serre trop fort sa montre-bracelet, celle que Madison lui avait offerte.

"Cette villa, ce n’est pas la première fois qu’elle réclame quelqu’un."
""Tu veux dire qu’elle est hantée ?" Pierrick râle, fatigué de ces détours.
 "Je veux dire qu’elle se souvient."

Dans la lumière tremblante du matin, ils pénètrent ensemble dans la Villa Brume. Le silence y est plus dense qu’ailleurs. Et les murs semblent écouter.
Sur une cheminée couverte de suie, Kelly découvre un galet.
Le mot est différent cette fois.
"Retour."
Pierrick pâlit. Son regard se fige. Il murmure :
 "C’était le mot qu’on avait gravé sur notre porte.
Quand on a emménagé dans notre appartement à Nice.
Madison et moi."
Kelly ne dit rien. Mais pour la première fois, elle détourne les yeux.
 "Elle vous parle encore," souffle-t-elle.
"Ou alors elle me hante."
Au fond de la villa, un vieux miroir se fissure d’un craquement sec.
Une silhouette y passe.
Mais il n’y a personne.

Chapitre 3

À mesure que Kelly et Pierrick explorent la villa, des détails étranges s’accumulent.
Des coquillages incrustés dans le plâtre des murs.
Des miroirs anciens tournés vers les angles.
Une tapisserie rituelle représentant un chœur de femmes voilées, autour d’un arbre en flammes.
Kelly, concentrée, lit à haute voix :
 "C’est une forme de culte méridional oublié. Des rituels funéraires pour les morts injustes.
 On appelait ça le rappel."
"Le rappel ?"
"Faire revenir symboliquement l’âme de ceux qui n’ont pas terminé leur passage. On dit que certains peuvent répondre."
Dans une pièce murée, ils trouvent une petite chambre.
Un lit d’enfant, poussiéreux.
Et sur la table, un dessin : un coquillage, une femme sans visage et un homme aux yeux vides.
Kelly murmure :
"Cette pièce est restée figée dans le temps. Je crois que Madison a vécu ici. Pas dans cette maison, non, mais ici, dans cette scène."
Pierrick recule, la gorge nouée.
"Elle n’a jamais parlé d’enfant."
Kelly pose la main sur le mur, et là, tout vacille :
les murs saignent.
Des voix chuchotent "à toi maintenant" en boucle.
Pierrick tombe à genoux, les mains plaquées sur ses oreilles.

Chapitre 4 

À la tombée de la nuit, Kelly prépare un ancien rituel, inspiré de rites funéraires provençaux.
Elle place sept galets autour de Pierrick, l’assoit face à un miroir brisé, et lui tend une violette noire.
"Tu dois l’appeler. Pas pour l’accuser. Pour comprendre. Mais si elle répond, elle ne dira peut-être pas ce que tu veux entendre."
 "Je suis prêt," dit-il, même si ce n’est pas vrai.
Dans le reflet, Madison apparaît. Jeune. Sereine.
Elle sourit tristement.
 "Tu n’as jamais compris, Pierrick. Ce n’était pas une vengeance. C’était un retour à l’équilibre."
Elle montre une silhouette d’enfant floue, debout derrière elle.
"Ils l’avaient tué. Pas avec leurs mains, mais avec leurs croyances, leurs jeux, leur indifférence. Alors j’ai purifié. J’ai donné à la colline ses morts justes. Mais moi, je ne reviendrai pas."

"Et maintenant ?" demande Pierrick, les larmes aux yeux.
 "Maintenant, c’est à ton tour de choisir. 
Tu peux rester ici, avec moi. 
Dans le souvenir. Ou sortir et vivre."
Elle tend la main.

Chapitre 5 

Le lendemain matin, les secours retrouvent Kelly seule dans la villa, 
en état de choc.
 "Où est Pierrick ?" demande le commandant.
Kelly regarde le miroir. Il est intact. Plus de brisure. Plus de reflet.
Elle chuchote simplement :

"Il a choisi de rester."

Plus tard, dans un ancien dossier psychiatrique de Nice, Kelly découvre une note oubliée :
"Madison Verrand, internée brièvement à 18 ans,
 après un épisode délirant dans la villa familiale de Cimiez. 
Elle parlait d’un enfant mort qu’elle n’avait jamais eu."
Elle comprend.
Madison n’a jamais eu d’enfant.
Mais elle a grandi dans cette maison. 
Et ses blessures ont fait naître un fantôme 
qu’elle a fini par croire réel.
Et dans sa folie, elle a tué. Par amour. Par délire. Ou par croyance.
Mais Pierrick, lui, n’a pas jugé.
Il l’a suivie. Jusque dans la mémoire.
Son amour pour elle l' emporté vers des terres inconnues et sombres.
Personne n'a jamais revu Pierrick, ni Madison.
 Le mystère reste le mystère dans les pierres de la villa de Cimiez.
Quelques uns ont rapporté lors de visite des reflets d'un couple enlacé se regardant si amoureusement qu'il semblait ne faire qu'un, qui apparaissait et disparaissait furtivement.

Ou était Pierrick ? Ou était Madison ?...
Allions nous les revoir ??
L'énigme de la villa pour le moment garde le secret..

 FIN